Petit résumé d’une semaine au Championnat de France de parapente
C’est avec une certaine appréhension que j’arrive à Laragne – Montéglin. Le site de Chabre et ses conditions toniques imposent le respect.. Côtoyer l’élite française dans une compétition de haut niveau me fait craindre de "friser le ridicule".
Ma saison 2017 n’est pas glorieuse sur le plan des résultats en compétition, une seule manche bouclée sur une petite dizaine, mais les copains sont là en soutien, La délégation normande compte quelques têtes bien connues : H Hamard, D Chouraqui, J Anselmo et L Laval. L’accueil par le comité d’organisation est à la hauteur de l’événement, avec un sympathique repas sur la place du village, un peu gâché par un vent du nord qui refroidi la fin de soirée.
En raison de cette brise un peu soutenue notre première manche se déroule dans la vallée de l’Ubaye, sur le site de St Jean de Monclar. Premier décollage, première grappe, ça va vite, mais je suis dans le coup, finalement pas si ridicule. C’est avant le "start" que ça devient un peu inconfortable, les bonnes places sont « encombrées », ça rentre de partout, il faut avoir les yeux bien ouverts et soigner les trajectoires. Une fois en l’air, eh bien ils partent tous, deuxième barreau et tout schuss vers la balise...
Au début, la masse d’air est bien matérialisée, les placements simplifiés, mais la différence de vitesse complique les choses assez rapidement, et le concurrent « sport » se retrouve dans une configuration plus solitaire. Après 3h de vol je me pose en milieu de vallée, pas très loin du but, mais il me manque deux balises, j’ai une trentaine de km au compteur, je ne suis pas dernier, ouf...
la trace
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20224917
Le deuxième jour la météo reste un peu capricieuse avec toujours un vent assez fort sur Laragne, et nous retournons sur Monclar pour une deuxième manche, dans la vallée, mais avec un trajet un peu plus ouvert. Le stress de la veille est moins présent, les discussions autour du briefing sont plus claires, Maxime Bellemin accepte de faire un peu de coaching pour les volants sport des ligues de Normandie et Ile de France. La grappe est moins concentrée que la veille, ou bien je m’habitue déjà, en tout cas je réussi à bien me placer au start et rebelote, l’accélération des CCC laisse le commun des mortels un peu derrière, mais pas trop. Un point bas après la deuxième balise d’où je ressors avec un certain Laurent L. amplifie le retard, mais l’objectif principal étant de boucler, je soigne les trajectoires et optimise les montées. Cette fois-ci les allers et retours dans la vallée ne me mettent pas à terre, et après un dernier passage sur le Morgon, je suis en finesse du goal. Quand mon "Flymaster" claque la dernière balise, c’est un éclat de joie immense, j’atterris dans les derniers au but mais j’y suis , après presque 4 heures en l’air !!!
la trace du vol
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20224401
La troisième manche nous permet finalement de voler au départ de la crête de Chabre. Les conditions prévues sont généreuses, une manche de 104 km est au menu. Un grand triangle entre Laragne, Charances et Aspres en passant par le fameux Pic de Bure. Je n’ai jamais fait une telle distance en montagne, le défi est important, mais je pars confiant. Je vole 5h30 ce jour là, je pose à une quinzaine de km du but, après une balade qui devrait rester encore longtemps dans mes souvenirs. Un vol riche en sensations avec toute une panoplie de situations allant du grattage de sapins aux nuages à plus de 3300m.
la trace du vol
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20224458
Le lendemain changement de décor, un vent d’ouest nous oriente vers le décollage d’Aspres sur Buëch. Les conditions sont un peu ventées au décollage, ce qui nous vaut un joli spectacle avec des ailes et des pilotes un peu dans tous les sens. Les plafonds du jour sont généreux, on prend rapidement 3400 m sur site !!! Le cheminement est assez clair et rapide, le survol de Gap à plus de 3000 m est magnifique, l’arrivée sur le lac de Serre-Ponçon également. Des surdéveloppements mettent un arrêt à la manche et nous posons à 40 pilotes près de Chorges. Les écarts sont plus restreints que les jours précédents ;-)
la trace
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20224670
La cinquième et dernière manche est au départ de Chabre. La convection se met en route lentement, le décollage est reporté d’une heure, parawaiting quand tu nous tiens... Les conditions sont plus difficiles, les thermiques hachés avec des cisaillements importants, les plafonds plus bas que les jours précédents. La fatigue des journées de compétition successives commence à se faire sentir. Je chemine lentement et me fait poser par un cycle d’ombre étendue.
la trace :
http://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/2016/vol/20224917
Le bilan de cette semaine est plus que correct. J’avais comme objectifs « sportifs »de ne pas finir dernier et de boucler au moins une manche. Je finis 82ème français sur 124 participants, ce qui me semble presque surréaliste. Cette compétition s ’est déroulée dans une très bonne ambiance, l’humeur au sol et dans la grappe était sereine même si on entendait des noms d’oiseaux par moment... L’organisation nous a permis de voler sur de nombreux sites ce qui est assez rare dans les compétitions traditionnelles, cela apporte une richesse additionnelle. Le classement sport est rendu un peu compliqué avec l’arrivée de la Zeno dans cette classe, les écarts de plané sont importants, il y a ceux qui franchissent le cap des deux lignes et il y a les autres,... mais comme on dit : « c’est le jeu ma pauv’ Lucette ».
Quand je regarde un peu derrière, j’ai l’impression d’avoir franchi une grande étape dans ma vie de parapentiste. Il y a eu le premier vol à Orcières en 2010, la première déclaration CFD à Aiguebelette en 2012, le premier 50 km en plaine à St Marc en 2014, et ce championnat où les choses se sont bien enchainées. Cette progression je la trouve rapide, et elle est en grande partie liée aux à la dynamique positive insufflée par les copains, les clubs locaux, et la ligue. Le parapente est un sport « solitaire » mais qui se pratique en groupe, et boire une "binouse" après le vol reste une partie vitale de l’activité, ce temps d’échange est primordial.
Yann